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25 août 2024: 110e commémoration de la Bataille de Morhange

Dernière mise à jour : 19 nov.

110 ans après la tragique Bataille de Morhange, les autorités civiles et militaires, ainsi que la population locale sont venues commémorer la mémoire des milliers de soldats, quelque 5500 français et 2000 allemands tombés dans la nuit du 19 au 20 août 1914.



CÉLÉBRATION RELIGIEUSE AU MONUMENT DE LA POTENCE (route de Baronville)

érigé par la ville à l'emplacement même de l'artillerie allemande et inauguré le 20 août 1921.


La commémoration a débuté par une messe présidée par le Père Tiem TRAN, curé -archiprêtre de Morhange, concélébrée avec l'abbé Jean-Marie GLANC et animée par la chorale paroissiale avec Virgile à l'orgue.


ACCUEIL


Après avoir salué les autorités civiles et militaires présentes : M. Laurent TOUVET, Préfet de la Moselle, M. Christian STINCO, maire de Morhange, M. Patrick RUH, maire de la ville jumelée de Feuchtwangen, en Bavière, le Père Tiem TRAN a évoqué le sacrifice de tous les soldats qui ont donné leur vie en ce lieu, en combattant pour la liberté de leur pays.



" Prions pour la Paix dans le monde si troublé et puisons dans cette Eucharistie des forces pour vivre nous-mêmes en fidèles ouvriers de l’Evangile et de sa paix."




PROCLAMATION DE L'ÉVANGILE selon St Jean 6,60-69


" Voulez-vous partir, vous aussi ?"


demande Jésus aux Douze, lors de la défection de certains disciples.

Pierre y répond d’emblée, avec un cri du cœur:


" Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle ! "


HOMÉLIE




Homélie pour la commémoration du 110e anniversaire de la bataille de Morhange

21e dimanche du temps ordinaire, année B

25 août 2024.


Chers frères et sœurs,


Nous voici réunis pour commémorer les soldats tombés sur le champ de bataille, les 19 et 20 août 1914. C’est un devoir de citoyen que de ne pas oublier, et de chrétien que de prier pour tous ces hommes qui ont sacrifié leur vie pour la patrie. Malheureusement beaucoup d’autres batailles semblables à celle-ci seront nécessaires, durant la Première et la Deuxième guerre mondiale, pour que, face aux tragédies, aux désastres et aux horreurs de la guerre, les dirigeants politiques se décident à construire l’Union des pays d’Europe afin que soit garantie la paix à l’intérieur de ses frontières et que se taise, une fois pour toutes, le bruit des canons.


Nous savons aujourd’hui que cette paix entre les peuples, une paix qui n’a pas de prix, reste fragile à maintenir et à garantir. En effet, nous sommes loin encore d’être sortis du traumatisme collectif des guerres du passé. C’est pourquoi il est nécessaire d’effectuer un travail de mémoire, non seulement pour ne pas oublier le sacrifice de tous ceux et celles qui ont donné leur vie pour défendre leur patrie, mais plus encore pour interroger les choix politiques actuels de nos nations. Cela afin de préserver le plus longtemps possible la paix en Europe et au-delà de ses frontières, si nous ne voulons pas retomber dans les travers du passé.


L’histoire est maîtresse de vie. En remontant loin dans le passé, nous constatons que la prise et le sac de Rome par les « barbares » eut un énorme retentissement au sein de l’Empire romain, provoquant une terrible frayeur chez les élites et dans le peuple. Après avoir assiégé et affamé la ville durant tout l’été, les Wisigoths sous la conduite d’Alaric Ier sont entrés dans Rome par la porte Salaria. Ils ont tout saccagé, détruisant tout sur leur passage entre le 24 et le 27 août de l’an 410. Aujourd’hui encore, dans la mémoire collective, la figure du barbare fait peur et engendre des comportements irrationnels.



Selon les historiens cet événement a marqué une rupture entre la fin de l’Antiquité et le haut Moyen Âge. C’était la fin de la Pax Romana. De fait, Rome, qui a toujours su préserver et garantir la paix à ses frontières durant plus de huit siècles, de la date de sa création en 390 av. JC à la date fatidique de sa chute en 410, se trouvait dès lors en ruine, vivant désormais dans la peur de nouvelles incursions barbares.


Beaucoup de nobles romains se sont enfuis en Afrique du Nord, mais aussi en Égypte, et jusqu’en Palestine. Des aristocrates et des nobles romains, demeurés fidèles aux dieux de Rome, rendirent les chrétiens responsables de ce sac de la capitale de l’empire — empire devenu chrétienne à la suite de la conversion de l’empereur Constantin — puisque, selon eux, le Dieu des chrétiens n’avait pas su protéger la ville. C’est pour réfuter cette accusation que saint Augustin entreprend, entre 413 et 426, l’écriture de la Cité de Dieu.


Si nous voulons comprendre la question de Jésus et la réponse de Pierre dans l’Évangile de ce jour, — « Voulez-vous partir, vous aussi ? »,


« Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. Quant à nous, nous croyons, et nous savons que tu es le Saint de Dieu. » —,


il nous faut comme saint Augustin distinguer la cité terrestre que construisent les hommes et la Cité de Dieu. L’une est marquée par la contingence de l’histoire, l’autre revêt la permanence de l’eschatologie, à savoir la science des derniers temps, lorsque tout sera récapitulé en Jésus-Christ. C’est ainsi que saint Augustin décrit les deux cités : « Deux amours ont donc bâti deux cités : l’amour de soi jusqu’au mépris de Dieu, la cité de la Terre, l’amour de Dieu jusqu’au mépris de soi, la cité de Dieu. L’une se glorifie en soi, et l’autre dans le Seigneur. L’une demande sa gloire aux hommes, l’autre met sa gloire la plus chère en Dieu, témoin de sa conscience. L’une, dans l’orgueil de sa gloire, marche la tête haute ; l’autre dit à son Dieu : “Tu es ma gloire et c’est toi qui élèves ma tête”. Celle-là dans ses chefs, dans ses victoires sur les autres nations qu’elle dompte, se laisse dominer par sa passion de dominer. Celle-ci, nous représente ses citoyens unis dans la charité, serviteurs mutuels les uns des autres, gouvernants tutélaires, sujets obéissants. Celle-là, dans ses princes, aime sa propre force. Celle-ci dit à son Dieu : “Seigneur, mon unique force, je t’aimerai” » (Saint Augustin, La cité de Dieu, XIV, 28, 1).


Cette distinction de saint Augustin donne à voir que les deux cités coexistent, comme nous le rappelle le Concordat. Même les lois de la séparation de l’Église et de l’État n’ont historiquement pas prétendu que les deux parties s’ignorent. Les deux cités ne sont pas ennemies, mais plutôt complémentaires. L’une se développe et s’organise dans l’espace social et politique, l’autre se construit à partir de l’espace intérieur et religieux. L’homme, en tant que corps, âme et esprit, est un tout dont on ne peut pas séparer les parties, sans prendre le risque de le faire devenir boiteux ou manchot. Ces deux cités sont appelées à s’épauler et à collaborer pour chercher ensemble à établir la paix, une paix durable et pérenne, qu’elle soit sous les toits ou bien dans les cœurs.


Non loin d’ici, sur le Mont des saints, un projet de statues monumentales de saints lorrains dit à sa manière cette collaboration entre la cité des hommes et celle de Dieu. Ce projet du Mont de saints comporte en effet une triple dimension. La première est de l’ordre de la culture et de l’art dans la réalisation des statues. La seconde est de l’ordre mémoriel, puisqu’au sommet de ce Mont on domine tout le champ de cette toute première bataille de 1914. C’est précisément en ce lieu que fut inauguré le 6 décembre dernier, le Mémorial de la Paix, représentant à la fois une stèle plantée en terre qui fait mémoire des morts de la bataille de Morhange, mais qui signifie aussi la pierre angulaire, laquelle symbolise le Christ, le Prince de la Paix, dont la Bible nous dit qu’il est la pierre rejetée par les bâtisseurs, mais devenue la pierre d’angle de son Église, capable de faire tomber les murs de la haine entre les peuples. Enfin la troisième dimension est de l’ordre spirituel pour nous rappeler que la grandeur d’un peuple est à la mesure de la profondeur et de la hauteur de son âme, particulièrement s’il prend exemple sur ces héros d’humanité que sont les saints. C’est tout de même la 3ème République qui, en 1920, fit du 8 Mai une fête nationale en mémoire de la délivrance d’Orléans en 1429 sous la conduite de Jeanne d’Arc et de la libération de la nation française par la suite.


Jésus nous invite fortement à nous solidariser avec toutes les réalités humaines mais sans jamais cesser de regarder toujours plus haut vers le ciel, vers Dieu le Père, celui qui demeure en chacun de nous par son Esprit.


P. Ngoc Tiem TRAN Curé-archiprêtre de Morhange



CONSÉCRATION DU PAIN ET DU VIN







DISCOURS et DÉPÔT DE GERBES





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