Le 11 octobre 1962, le Pape Jean XXIII ouvrait à Rome le concile œcuménique Vatican II.
Les évêques du monde entier se sont réunis lors de quatre sessions de 1962 à 1965,
pour permettre à l’Eglise de faire son "aggiornamento", son adaptation à la réalité contemporaine, afin d’annoncer l’Evangile dans le monde moderne.
Ce fut un événement considérable par le nombre et l’importance de ses propositions.
Le pape Jean XXIII, ancien cardinal Ange Joseph Roncalli (1881-1963)
En 1962, en pleine crise des missiles de Cuba, le pape Jean XXIII donne la preuve de sa finesse diplomatique en réussissant à convaincre John Kennedy et Fidel Castro de discuter du maintien de la paix autour d'une table.
En 2002, Giorgio CAPITANI réalise, pour la télévision, Jean XXIII : le pape du peuple, film d'une durée de trois heures narrant la vie d'Angelo Roncalli /Jean XXIII.
Parmi les acteurs figurent Edward Asner (incarnant Angelo Roncalli) et Claude Rich, qui interprète le cardinal Alfredo Ottaviani
Son pontificat marqua un tournant dans l'histoire de l’Église.
Il fut béatifié le 3 septembre 2000.
Le pape Benoît XVI disait de lui le 4 juin 2008 :
"Il convoqua le Concile Vatican II qui marqua le début de la rénovation de l'Église, la réforme de ses structures et la révision de sa liturgie. Puissent ces réformes porter des fruits pour nous tous et l'Église du troisième millénaire".
Les mots-clefs du Concile
Appel universel à la sainteté, collégialité, conscience, juifs, laïcs, peuple de Dieu, liberté religieuse, liturgie, Marie, œcuménisme, révélation, chrétiens solidaires du monde, autant de mots-clefs du Concile Vatican II.
Appel universel à la sainteté
Le concile réaffirme que l'appel à la sainteté est valable pour tous, notamment pour les laïcs :
"l'appel à la plénitude de la vie chrétienne et à la perfection de la charité s'adresse à tous ceux qui croient au Christ, quels que soient leur état ou leur rang" souligne la constitution Lumen Gentium (n°40).
Collégialité
Corrigeant une certaine vision très pyramidale, le concile va mettre en relief la collégialité de l'Eglise.
Il souligne que les évêques sont responsables, avec le pape, de l'Eglise.
Les Evêques prolongent dans le temps la charge des apôtres.
Lumen Gentium
déclare ainsi :
"De même que saint Pierre et les autres apôtres constituent,
de par l'institution du Seigneur,
un seul collège apostolique,
semblablement le Pontife romain,
successeur de Pierre
et les évêques
successeurs des apôtres,
forment entre eux un tout"
(n°22)
Conscience
Point essentiel dans le dialogue avec le monde moderne, le Concile fait de la conscience le lieu du dialogue de l'homme et de Dieu.
"La conscience
est le centre le plus secret
de l'homme,
le sanctuaire
où il est seul avec Dieu
et où sa voix se fait entendre"
( Gaudium et Spes, n°16).
Juifs
Le Concile abandonne l'accusation portée depuis des siècles contre le peuple juif. C'est officiellement la fin du mépris et l'antisémitisme est condamné. L'Eglise va même plus loin. Elle reconnaît sa dette envers l'Israël biblique, reprenant les termes que saint Paul a employé à l'égard du peuple juif, peuple de l'Alliance que Dieu n'abandonne pas.
Laïcs
Alors que le laïc était défini de manière négative (celui qui n'est ni clerc, ni religieux), le Concile va considérer les laïcs de manière positive : il est un baptisé, prêtre, prophète et roi de par son baptême.
L'action des laïcs est considérée en elle-même.
L'Eglise "peuple de Dieu"
Par cette expression,
le Concile
conçoit l'Eglise
comme
un peuple en marche avec le Christ et l'humanité toute entière.
Le Concile met fortement l'accent sur l'unité de tous les baptisés en Eglise avant de distinguer les ministères.
Liberté religieuse
La reconnaissance de la liberté religieuse par Vatican II est sûrement l'apport le plus saillant du Concile. Cherchant à combattre le "relativisme", les papes du XIXème siècle, et notamment Pie IX dans son Syllabus, avaient condamné la liberté et le pluralisme religieux.
Vatican II prend le contre-pied de cette tradition récente, issue du raidissement de l'Eglise face aux Lumières.
Il souligne
que la liberté religieuse
a son fondement
"dans la dignité même de la personne humaine
telle que l'on fait connaître
la parole de Dieu et la raison elle-même."
(Dignitatis humanae n°2)
Liturgie
Avec Vatican II, la parole de Dieu est mise au coeur de la célébration liturgique.
Dans la ligne de la réforme liturgique de Pie XII, le concile prévoit d'accorder plus de place à la langue du pays.
Ces dispositions aboutiront dans la réforme liturgique de 1965 :
la messe est dite face au peuple,
la parole est proclamée à l'ambon et non plus à l'autel,
la prière universelle est introduite après le Credo,
le corps du Christ est montré à l'assemblée de manière à ce que celle-ci participe davantage à la célébration.
L'assemblée n'est plus "spectatrice" mais "actrice" d'une célébration présidée par le prêtre. La réforme liturgique constitue l'aspect le plus visible du retour aux sources effectué par Vatican II.
« Soixante ans après la fin du Concile, on voit mieux aujourd’hui la richesse de ce qu’ont voulu les pères conciliaires et saint Paul VI. » GODONG PHOTO Famille chrétienne
Le Concile est sobre concernant Marie. Contre certains excès de la dévotion mariale, il rappelle que le Christ est l'"unique" médiateur entre les hommes et Dieu.
Les Pères du Concile ont refusé de faire un document à part sur Marie, préférant insérer les chapitres la concernant dans le document sur l'Eglise.
Marie est servante du Seigneur
et modèle pour l'Eglise,
en tant que "descendante d'Adam",
elle est "réunie
à l'ensemble de l'humanité"
(Lumen Gentium n° 53).
Oecuménisme
Le Concile présente les divisions entre chrétiens comme un état de fait opposé à la volonté du Christ.
Il n'hésite pas à reconnaître que les responsabilités des divisions se situent de part et d'autre.
Le Concile souhaite que les initiatives de rapprochement progressent,
soulignant que les chrétiens non-catholiques
"portent à juste titre le nom de chrétiens",
et que "les fils de l'Eglise catholique les reconnaissent à bon droit comme
des frères dans le Seigneur".
(Unitatis redintegratio n°3)
Révélation
Au lieu de présenter le message divin comme un nombre de "vérités à croire",
le Concile présente le contenu de la révélation comme Dieu lui-même se communiquant aux hommes.
Il place au coeur de la Révélation la personne du Christ
en qui "le Dieu invisible s'adresse aux hommes en son immense amour
ainsi qu'à des amis"
et "s'entretient avec eux pour les inviter et les admettre à partager sa propre vie."
(Dei Verbum n°2)
Cette constitution du concile Vatican II
sur la Parole de Dieu, est adoptée le 18 novembre 1965.
Les chrétiens, solidaires du monde
A Vatican II s'exprime un regard plein de bienveillance pour le monde des hommes et des femmes de ce temps.
Sans tomber dans l'angélisme, les Pères du Concile ont voulu montrer que l'Eglise est pleine de compassion et d'espérance pour ce monde aimé de Dieu.
"Les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent, sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ, et il n'est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans leur cœur. (...) La communauté des chrétiens se reconnaît donc réellement et intimement solidaire du genre humain et de son histoire."
(Gaudium et Spes n°1).
Sources : La Croix : Croire, 2002, 2014.
Ce mardi 11 octobre 2022 à 17h, le pape François a présidé une messe en la mémoire de saint Jean XXIII, en la basilique Saint-Pierre de Rome.
Pape de 1958 à 1963, Jean XXIII a ouvert le Concile Vatican II , il y a 60 ans jour pour jour.
Paul VI pour l’ouverture de la deuxième session du concile Vatican II
29 septembre 1963
« […] Nous sommes appelés par le Christ, nous sommes ses disciples, ses apôtres, ses témoins, ses ministres, ses représentants et, avec tous les autres fidèles, ses membres vivants, unis dans cet immense et unique Corps mystique […] qui est son Église spirituelle et visible, fraternelle et hiérarchique, aujourd’hui temporelle et demain éternelle. »
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